Modede vie des artistes en marge de la société Dans ses romans, il a recherché le Temps perdu Déprécier quelqu'un jusqu'à le rendre méprisable Train qui fait Paris-Bruxelles Petit croissant sur l'ongle Violent retour des vagues qui ont

Quels changements de comportements et de mode de vie accompagnent les mutations de la sociĂ©tĂ© française ? 1. L'entrĂ©e de la sociĂ©tĂ© française dans l'Ăšre de la consommation de masse 1945-1968 a. Vers une sociĂ©tĂ© de consommation GrĂące Ă  la hausse du niveau de vie et Ă  la diversitĂ© de la production, un grand nombre de Français accĂšdent Ă  la consommation de masse. Cette consommation se diversifie et porte moins sur l'alimentation et l'habillement et davantage sur la santĂ© et les loisirs qui connaissent d'ailleurs un essor considĂ©rable grĂące aux congĂ©s payĂ©s cinq semaines et Ă  la rĂ©duction du temps de travail. Les habitudes et modes de consommation Ă©voluent grĂące au dĂ©veloppement de la publicitĂ© et des supermarchĂ©s ainsi qu'Ă  l'essor du crĂ©dit. b. La dĂ©mocratisation du confort La sociĂ©tĂ© devient de plus en plus urbaine les villes s'Ă©tendent de plus en plus sur leur pĂ©riphĂ©rie oĂč se construisent de grands ensembles au confort moderne les citĂ©s qui permettent de rĂ©soudre le problĂšme du manque de logements. Inversement les campagnes subissent l'exode rural, le mitage industriel et la pĂ©riurbanisation ainsi que le recul des traditions. Le baby-boom favorise l'Ă©mergence d'une nouvelle catĂ©gorie de consommateurs les jeunes. Ces derniers incarnent la sociĂ©tĂ© de consommation dont ils vĂ©hiculent les produits comme le jeans par exemple, mais aussi la musique avec l'essor du yĂ©yĂ© et du rock. Le systĂšme Ă©ducatif se dĂ©mocratise en s'ouvrant Ă  un plus grand nombre. 2. 1968-1983 entre contestation et conquĂȘte des libertĂ©s a. Les nouvelles libertĂ©s Les annĂ©es 1970 et 1980 sont marquĂ©es par des progrĂšs significatifs dans le domaine des libertĂ©s, notamment dans celui des mƓurs. C'est durant cette pĂ©riode que les femmes conquiĂšrent un certain nombre de droits comme celui d'avorter accordĂ© par la loi Veil de 1975. La lutte pour l'Ă©mancipation fĂ©minine est incarnĂ©e par le Mouvement de libĂ©ration de la femme MLF qui revendique l'Ă©galitĂ© des droits entre les femmes et les hommes. À partir de 1981-1982, la libertĂ© de la presse est renforcĂ©e par la loi. C'est aussi durant cette pĂ©riode qu'est autorisĂ©e la diffusion des radios libres FM. b. DĂ©mocratisation ou uniformisation culturelle ? La culture de masse fait son apparition et la tĂ©lĂ©vision en devient le premier support de diffusion au dĂ©triment de la presse, du livre et des spectacles. Ces supports traditionnels de transmission culturelle sont en effet en recul et ce malgrĂ© toute une politique de dĂ©mocratisation de la culture qui se traduit notamment par la construction de l'OpĂ©ra Bastille. Dans le domaine des loisirs, on assiste Ă  l'apparition d'autres formes de pratiques qui deviennent rapidement des rĂ©fĂ©rences de la culture de masse - dĂ©veloppement des parcs de loisirs sur le modĂšle amĂ©ricain Eurodisney, parc AstĂ©rix ; - les Ă©vĂ©nements sportifs comme les jeux olympiques ou la coupe du monde de football deviennent de vĂ©ritables spectacles. c. La contestation de la sociĂ©tĂ© de consommation Les annĂ©es 60 s'achĂšvent dans la contestation d'estudiantin le mouvement devient rapidement social. La gĂ©nĂ©ration du baby-boom conteste en effet le pouvoir en place et rejette la sociĂ©tĂ© de consommation de masse, au nom de modĂšles utopiques et exotiques comme par exemple le mouvement hippie. 3. Des annĂ©es 80 Ă  nos jours trois dĂ©cennies marquĂ©es par la crise et la prĂ©caritĂ© a. La crise de la sociĂ©tĂ© de consommation À partir du dĂ©but des annĂ©es 70 la sociĂ©tĂ© de consommation est frappĂ©e par une crise qui engendre prĂ©caritĂ© et pauvretĂ©. ChĂŽmage, misĂšre SDF, recul du monde ouvrier, vieillissement de la population posent le problĂšme des assurances sociales et du paiement des retraites. Les inĂ©galitĂ©s se creusent et favorisent l'Ă©mergence d'un "quart monde", constituĂ© de personnes vivant en dessous du seuil de pauvretĂ©, parfois mĂȘme en travaillant. Cependant les grands mouvements sociaux sont moins nombreux et, lorsqu'ils Ă©clatent, Ă©chappent en grande partie aux syndicats comme lors des grĂšves de 1995. b. L'affaiblissement du tissu social La famille traditionnelle Ă©clate un mariage sur trois se termine par un divorce et les familles monoparentales une famille avec un seul parent ou recomposĂ©e une famille composĂ©e d'enfants issues de diffĂ©rentes unions se multiplient. La perte des repĂšres traditionnels favorise la montĂ©e de l'individualisme et l'isolement des plus fragiles. La dĂ©linquance, juvĂ©nile notamment, se dĂ©veloppe Ă©galement et touche considĂ©rablement les milieux populaires et immigrĂ©s. La mĂ©diatisation et la rĂ©cupĂ©ration politique de cette dĂ©linquance renforcent le racisme et le sentiment d'insĂ©curitĂ©. L'essentiel Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France connaĂźt une phase de reconstruction qui permet un essor rapide de son Ă©conomie et, par voie de consĂ©quence, une hausse du niveau de vie de sa population. Le pays entre alors dans l'Ăšre de la sociĂ©tĂ© de consommation. Toutefois, dĂšs la fin des annĂ©es 60 mai 1968, la sociĂ©tĂ© française connaĂźt une crise sociale et morale qui remet en question les fondements de la sociĂ©tĂ© de consommation. Cette crise permet un progrĂšs des libertĂ©s mais elle favorise Ă©galement l'individualisme. Dans les annĂ©es 70, l'Ă©conomie qui entre dans une phase de crise la France est alors confrontĂ©e Ă  la prĂ©caritĂ© de l'emploi et connaĂźt un renforcement des inĂ©galitĂ©s. Toutefois, la modernisation et l'uniformisation de la sociĂ©tĂ© se poursuivent dans le contexte de la mondialisation. 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LĂ©naDurr s’intĂ©resse aux normes et marges de la sociĂ©tĂ© qu’elle met en scĂšne dans un travail photographique toujours tendre et un peu nostalgique. L’Ɠuvre et le quotidien de l’artiste ne font qu’un puisqu’elle vit elle-mĂȘme dans un mobil-home, Ă  Cuers dans le Var, au milieu d’objets collectĂ©s depuis son adolescence. Habitats sauvages est
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Monnier, L’Art et ses institutions en France, De la rĂ©volution Ă  nos jours, p. 61. 1Les artistes de la fin du xixe siĂšcle les plus avancĂ©s, prĂ©curseurs d’un art qui s’interroge sur lui-mĂȘme, sur sa nature, son rĂŽle et sa destination, sont liĂ©s au concept de modernitĂ© qui Ă©merge, dĂšs 1850, pour dĂ©signer les grands changements survenus aprĂšs les rĂ©volutions technique et industrielle. La modernitĂ© est alors perçue, par les thĂ©oriciens d’une avant-garde balbutiante, comme la manifestation d’un mode de pensĂ©e, de vie et de crĂ©ation, basĂ© sur le changement, et non plus sur les traditions anciennes d’une institution. L’AcadĂ©mie des beaux-arts, membre de l’Institut de France, créée le 21 mars 1816, entend, en effet, perpĂ©tuer les principes esthĂ©tiques des AcadĂ©mies royales de peinture et de sculpture fondĂ©es Ă  Paris en 1648. Sous son Ă©gide, les Ă©coles d’art dispensent aux Ă©lĂšves une formation scientifique gĂ©omĂ©trie, anatomie et perspective et humaine histoire et philosophie, et leur enseignent les techniques et les savoir-faire nĂ©cessaires Ă  l’élaboration d’une Ɠuvre. Elles transmettent les diktats d’une culture classique, attachĂ©e Ă  la recherche de l’idĂ©al du beau et de l’essence Ă©ternelle des choses, que les artistes suivent pour produire l’art des salons officiels, obtenir des commandes publiques, et s’attirer les faveurs d’une clientĂšle fortunĂ©e1. 2En 1863, toutefois, un vent de rĂ©volte souffle chez les artistes parisiens, car le jury du Salon de peinture et de sculpture, dĂ©signĂ© par les membres de l’AcadĂ©mie, refuse plus de 3 000 Ɠuvres sur les 5 000 envoyĂ©es Ă  l’institution. Les postulants exclus, dont Antoine Chintreuil 1814-1873 ou Édouard Manet 1832-1883, critiquent vigoureusement l’intransigeance des membres du jury du Salon et rĂ©clament un lieu d’exposition pour montrer leurs Ɠuvres au public parisien. InformĂ© du conflit, l’Empereur NapolĂ©on III dĂ©cide de financer une exposition des RefusĂ©s », qui doit se tenir au Palais de l’Industrie Ă  Paris. Cet Ă©vĂšnement obtient un certain succĂšs, malgrĂ© la polĂ©mique nĂ©e de la prĂ©sentation d’un tableau provocateur, Le DĂ©jeuner sur l’herbe de Manet, qui met sur le devant de la scĂšne la question de l’émancipation des peintres. 3De ce fait, trop conscients des limites qui leur sont imposĂ©es, nombre d’artistes dĂ©cident de se former dans des ateliers privĂ©s, dont l’enseignement est moins conventionnel que celui des Beaux-Arts, dans le but d’affirmer leur talent. C’est le cas du jeune Paul CĂ©zanne, qui a Ă©chouĂ© au concours d’entrĂ©e de l’École des beaux-arts de Paris, en 1861, en raison d’un tempĂ©rament coloriste jugĂ© excessif, et qui va suivre les cours de l’AcadĂ©mie de Charles Suisse, en 1862, oĂč il rencontre Alfred Sisley 1839-1899, Camille Pissarro 1830-1903, Claude Monet 1840-1926 et Auguste Renoir 1841-1919. Ces derniers refusent les rĂšgles acadĂ©miques et veulent baser les principes de leur crĂ©ation sur leur sensibilitĂ©, s’emparer de sujets dĂ©clarĂ©s jusqu’alors triviaux. Enfin, ils s’intĂ©ressent Ă  la nature d’une façon plus libre que leurs aĂźnĂ©s, cherchant Ă  transcrire les variations de la lumiĂšre, la fluiditĂ© des formes, pour animer leurs tableaux, suivant les postulats des peintres installĂ©s Ă  Barbizon, Ă  partir de 1850. Paul CĂ©zanne 1839-1906, face Ă  la Sainte-Victoire, contre l’art des bourgeois 4Pour donner plus de force Ă  son travail, CĂ©zanne Ă©carte les teintes sombres et les nuances trop lisses, façonne un modelĂ© qui lui est propre, constituĂ© de touches divisĂ©es, susceptibles de traduire la richesse de sa perception, comme de rĂ©vĂ©ler les aspects les plus secrets de la nature. Une peinture jaillie de l’intĂ©rieur, stimulante, celle des tripes », totalement dĂ©savouĂ©e par l’AcadĂ©mie des beaux-arts, voit ainsi le jour. Paul CĂ©zanne cherche, Ă  tĂątons, un art solide, Ă©quilibrĂ©, structurĂ©, porteurs de valeurs stables, universelles. Des annĂ©es s’écoulent avant que le style cĂ©zanien ne s’affirme. Certes, l’artiste a toujours recours aux lois plastiques qui sous-tendent toute Ɠuvre d’art, comme la loi de contraste des formes et des couleurs, la loi de composition et de reprĂ©sentation du sujet, mais il veut les utiliser autrement pour dĂ©couvrir la vraie nature de la peinture et lui confĂ©rer une structure durable. CĂ©zanne cĂŽtoie Pissarro et Armand Guillaumin 1841-1927 et participe, le 27 dĂ©cembre 1873, Ă  la fondation de la SociĂ©tĂ© anonyme coopĂ©rative des artistes-peintres avec Edgar Degas 1834-1917, Monet et Renoir. Lors de la premiĂšre exposition impressionniste de 1874, chez le photographe Nadar 1829-1910, le public rĂ©serve un accueil peu encourageant, voire scandalisĂ©, aux toiles de CĂ©zanne qui, dĂšs lors, dĂ©serte de plus en plus souvent la capitale. 5À partir de 1876, il se rĂ©fugie dans le Midi, et sĂ©journe Ă  L’Estaque, petit port environnĂ© d’une nature encore prĂ©servĂ©e, oĂč il peint des tableaux pour son ami Victor Chocquet 1821-1891. Ainsi, la plupart des Ɠuvres qui sont montrĂ©es Ă  la troisiĂšme manifestation du groupe impressionniste, en 1877, ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es Ă  L’Estaque. Le public est toujours hostile Ă  l’art de CĂ©zanne, jugĂ© malhabile, brutal, mais l’artiste s’obstine dans ses recherches. À Paris, il peint un portrait, qui, plus tard, sera considĂ©rĂ© comme l’un de ses chefs-d’Ɠuvre, Madame CĂ©zanne Ă  la robe bleue, qui dĂ©tonne par une gamme de tons bleus trĂšs poussĂ©e, mais aussi par une dĂ©clinaison de verts remarquables. CĂ©zanne se voit comme l’artisan d’un art nouveau qui rejette toute convention bourgeoise, toute concession aux effets » Ă  la mode, et c’est dans une tenue d’ouvrier, cotte bleue et veste de toile blanche couverte de taches de peinture, qu’il travaille. En 1881 et 1882, l’artiste s’installe avec sa famille, Ă  Pontoise, prĂšs de Pissarro, avec lequel il dĂ©couvre les nouvelles thĂ©ories de la couleur, celles du chimiste français EugĂšne-Michel Chevreul 1786-1889 et du physicien amĂ©ricain Ogden Rood 1831-1902, qui nourrissent sa rĂ©flexion. Cette mĂȘme annĂ©e, il est admis au Salon, se dĂ©clarant l’élĂšve d’Antoine Guillemet 1841-1918 de l’école de Barbizon, mais il poursuit sa quĂȘte, de plus en plus solitaire. Il peint, dĂ©sormais, en appliquant des touches juxtaposĂ©es, et accentue la technique du clair-obscur pour obtenir des effets descriptifs forts sur ses toiles. Les paysages sont construits par plans successifs, suivant une perspective aĂ©rienne, dĂ©jĂ  utilisĂ©e par les impressionnistes, et constituĂ©s d’une succession de traits et de lignes disjointes, qui dĂ©crivent de façon de plus en plus synthĂ©tique les objets ou les figures. En 1883, CĂ©zanne en sait assez pour suivre, seul, son chemin, et il dĂ©cide de rentrer chez lui, en Provence, pour pousser plus loin ses investigations, dans l’atelier de la demeure familiale. L’artiste dĂ©veloppe sa technique en travaillant essentiellement sur le motif pour saisir la beautĂ© des paysages nimbĂ©s de soleil et transcrire le sens profond de leur nature. ViscĂ©ralement attachĂ© Ă  ses racines, il aime Ă©tudier sans relĂąche ses sujets, en pleine campagne, dans la solitude des paysages mĂ©diterranĂ©ens d’une austĂšre beautĂ©, prĂšs des carriĂšres de BibĂ©mus, du chĂąteau de Vauvenargues ou dans le village du Tholonet. 2 A. Lhote, Catalogue de l’exposition L’influence de CĂ©zanne, 1908-1911, 1947, p. 5. 6En 1886, l’artiste s’installe pour un an, Ă  Gardanne, avec sa famille, oĂč il commence une sĂ©rie de peintures sur la Sainte-Victoire qu’il reprĂ©sente comme sujet Ă  part entiĂšre, et de façon rĂ©currente, dans plus de quatre-vingts Ɠuvres, dĂ©veloppant un style de plus en plus Ă©purĂ©. La montagne provençale, rattachĂ©e dans son histoire gĂ©ologique, aussi bien Ă  l’ancienne chaĂźne pyrĂ©nĂ©enne, qu’à celle des Alpes occidentales, devient le cadre d’un laboratoire de recherche. Il ne s’agit pas, pour CĂ©zanne, de s’épancher sur une nature complice », mais de capter ses qualitĂ©s intrinsĂšques, son pouvoir Ă  exprimer une Ă©nergie, Ă  stimuler l’imaginaire, pour la transcender. La tradition acadĂ©mique considĂšre alors l’observation personnelle et sensible de la nature comme infĂ©rieure Ă  l’expĂ©rience intellectuelle, alors qu’elle permet aux premiers artistes de l’art moderne de trouver un support d’expression solide et variĂ©2. 7La peinture de CĂ©zanne suscite jusqu’en 1887, Ă  Paris, les railleries de dĂ©tracteurs qui parlent de visions cauchemardesques » et autres atrocitĂ©s Ă  l’huile ». Puis, grĂące aux collectionneurs Ă©clairĂ©s et Ă  des critiques indĂ©pendants, grĂące au soutien de marchands d’art comme Ambroise Vollard 1866-1939 et Durand-Ruel 1831-1922, elle finit par obtenir un vrai succĂšs. En 1888, une sĂ©rie d’articles mentionnent son Ɠuvre en termes flatteurs et il est admis Ă  l’exposition de l’Art français pour l’Exposition universelle de Paris de 1889. CĂ©zanne commence Ă  ĂȘtre reconnu et apprĂ©ciĂ© pour son audace picturale, la soliditĂ© de ses compositions, enfin, sa touche incomparable. Il peut, dĂšs lors, vivre de son art, mais il est dĂ©jĂ  malade, et effectue des cures pour se soigner. En 1906, alors qu’il est installĂ© sur le motif, l’artiste prend froid et contracte une pneumonie, dont il ne se remet pas. Il meurt le 22 octobre, chez lui, en Provence. 8À Paris, le monde de l’art est en deuil et lui rend hommage en organisant, au Grand Palais, pour le Salon d’automne de 1907, une grande rĂ©trospective de ses Ɠuvres. Le public dĂ©couvre ses baigneuses, ses natures mortes, ses portraits, ainsi que les paysages de la Sainte-Victoire, et salue le talent et la tĂ©nacitĂ© du peintre. Pour tous, il est clair, qu’aprĂšs CĂ©zanne, l’art ne sera plus le mĂȘme car l’hĂ©ritage pictural que le maĂźtre d’Aix transmet, met Ă  rude Ă©preuve ses anciens fondements. La montagne Sainte-Victoire devient, dĂšs lors, l’emblĂšme de la volontĂ© de l’artiste, tout debout contre l’ordre Ă©tabli, de rĂ©nover l’art, car elle a Ă©tĂ© le refuge de celui qui, en marge d’une sociĂ©tĂ© Ă©triquĂ©e et des dogmes de l’AcadĂ©mie des beaux-arts, a voulu se modifier lui-mĂȘme, en profondeur, pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© de la peinture. Henri Matisse 1869-1954, les fauves Ă  Collioure de la dynamite au pied des AlbĂšres 9En 1905, Henri Matisse 1869-1954, lui aussi, cherche la tranquillitĂ©, prĂšs de la montagne, pour entamer une longue mĂ©ditation sur la couleur et s’affranchir des postulats de la peinture acadĂ©mique, encore pesants, malgrĂ© les dĂ©fis lancĂ©s par les peintres postimpressionnistes, dans des toiles-manifeste. Matisse Ă©prouve bien des difficultĂ©s Ă  exprimer son propre tempĂ©rament de peintre et Ă  se libĂ©rer du cadre, encore rigide, des enseignements qu’il a reçus. Tout d’abord, Ă  Bohain, dans le Nord, puis Ă  l’École des Arts DĂ©coratifs de Paris, enfin, en 1895, Ă  l’École des beaux-arts, dans l’atelier de Gustave Moreau 1826-1898. Le maĂźtre symboliste encourage ses Ă©lĂšves Ă  penser leur peinture, Ă  la rĂȘver, au-delĂ  d’une virtuositĂ© technique, Ă  dĂ©passer leurs propres limites. Toutefois, aprĂšs son apprentissage, Matisse dĂ©cide de suivre les cours de l’AcadĂ©mie de la Grande ChaumiĂšre, dans l’atelier d’EugĂšne CarriĂšre 1849-1906, oĂč il rencontre AndrĂ© Derain 1880-1954, qui lui prĂ©sente Maurice de Vlaminck 1876-1958. Tous entretiennent une passion pour la peinture cĂ©zanienne. 10L’artiste est dĂ©jĂ  un peintre reconnu lorsqu’il arrive Ă  Collioure. En effet, en 1896, ses toiles ont Ă©tĂ© exposĂ©es au Salon de la SociĂ©tĂ© Nationale des Beaux-Arts, dont il est devenu membre associĂ©, sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes 1824-1898. Cette fonction lui a permis de montrer, sans passer par un jury, un art expressif, qui s’inscrit dans l’air du temps. Matisse s’intĂ©resse, en effet, Ă  la peinture de son Ă©poque les impressionnistes, qu’il dĂ©couvre au musĂ©e du Luxembourg en 1897, et les pointillistes qui exercent une grande influence sur son travail, grĂące au traitĂ© du peintre Paul Signac 1863-1935 de 1899, D’EugĂšne Delacroix au nĂ©o-impressionnisme. Les Ɠuvres qu’il prĂ©sente au Salon des indĂ©pendants de 1901, puis Ă  la premiĂšre Ă©dition du Salon d’automne de 1903, en tĂ©moignent, tout comme celles qui figurent chez Vollard, lors de la premiĂšre exposition que le marchand consacre Ă  l’artiste en 1904. L’étĂ© suivant, Ă  Collioure, Matisse trouve le cadre idĂ©al pour mener ses recherches la mer, face Ă  lui, juste Ă  quelques mĂštres de la maison de pĂȘcheur qu’il a louĂ©e, et la montagne, la chaĂźne majestueuse des AlbĂšres, enserrant le petit port, offrent un spectacle stimulant. Les rochers, les collines, les bateaux, les petites chapelles environnantes, constituent des sujets de choix, qu’il traite avec talent. 11Rejoint par le jeune AndrĂ© Derain durant l’étĂ©, qui arrive avec de nouvelles idĂ©es, il s’attelle Ă  l’élaboration d’un langage original, qui va peu Ă  peu se dĂ©marquer de la peinture pointilliste qu’il a pratiquĂ©e, l’étĂ© prĂ©cĂ©dent, aux cĂŽtĂ©s de Paul Signac, Ă  Saint-Tropez. Les artistes exĂ©cutent ainsi, grĂące Ă  une collaboration quotidienne, des Ɠuvres emplies de soleil, aux forts contrastes, dynamisant des plans de couleur pure, qui feront sensation au Salon d’automne de Paris, en 1905, dans la cage aux Fauves. Le travail novateur de Matisse, dĂ©veloppĂ© dans des toiles telles que La femme au chapeau, ou IntĂ©rieur Ă  Collioure, aboutissant Ă  la disparition des rĂ©fĂ©rences au rĂ©el, par la dĂ©formation des lignes et l’élaboration de plans de plus en plus autonomes, rompt avec les conventions classiques de reprĂ©sentation. Matisse propose une peinture qui entame le concept de l’art comme esthĂ©tique plaisante, loin d’un idĂ©al de beautĂ© préétabli, dans des compositions rĂ©gies par l’émotion. PrĂšs de la montagne, il parvient Ă  redĂ©finir l’acte pictural, en harmonisant ses sentiments Ă  d’autres systĂšmes de reprĂ©sentation. Aux cĂŽtĂ©s de Derain, vĂ©ritable thĂ©oricien de la couleur, il est plus rĂ©ceptif au fait plastique pur et s’engage dans une nouvelle voie chromatique. 3 P. Schneider, Matisse, p. 45. 12GrĂące Ă  une rĂ©flexion poussĂ©e, les artistes ordonnent et Ă©quilibrent des zones de couleurs franches, parfois explosives, comme de la dynamite, dans leurs toiles, renonçant aux lois classiques de l’optique. Ils parviennent Ă  accroĂźtre la conscience de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle du tableau pour demeurer au plus prĂšs de la vie immĂ©diate d’un monde lumineux, fort et dense. Les peintres parisiens abandonnent le ton local pour passer aux tons non rĂ©alistes, en ayant recours aux aplats, et mettent fin Ă  la peinture illusionniste. Le sujet est traitĂ© comme un instantanĂ©, et s’impose dans une vision lyrique du monde avec une sensibilitĂ© qui n’exclut pas la dissonance. Tout un systĂšme d’équivalence triomphe du chaos lumineux et permet de restituer l’essence de chaque chose. L’acte pictural se charge d’une spiritualitĂ© nourrie par la matiĂšre et la couleur, fruit d’une mĂ©ditation Ă©clairĂ©e sur le monde. L’artiste effectue plusieurs sĂ©jours fructueux Ă  Collioure jusqu’à la guerre, oĂč il rencontre le sculpteur Maillol travaillant non loin, Ă  Banuyls-sur-Mer3. CĂ©zanne recommandait aux artistes d’aiguiser leur vision face Ă  la nature et d’observer les moindres dĂ©tails avec leur propre sensibilitĂ©, afin que la peinture demeure un art vivant, qu’elle ne dĂ©cline pas en se perdant dans la peinture des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Tel fut le but de Matisse, mais aussi celui de Picasso, tout au long des divers sĂ©jours qu’il effectua prĂšs de la montagne, milieu naturel riche et poĂ©tique, qui allait inspirer le peintre et l’amener vers le cubisme. Pablo Picasso 1881-1973, la naissance d’un cubisme radical dans les PyrĂ©nĂ©es 13Pour les artistes en quĂȘte d’authenticitĂ©, comme CĂ©zanne, puis Matisse, la montagne constitua en effet, un ancrage moral et esthĂ©tique face aux prĂ©ceptes dominants des anciennes acadĂ©mies, et devint le symbole de leur rĂ©sistance aux institutions. Ce fut le cas, aussi, au tout dĂ©but du siĂšcle, pour le peintre Pablo Picasso, qui remit en cause l’enseignement des Ă©coles, dĂšs qu’il eut conscience de leurs limites et effectua plusieurs sĂ©jours prĂšs des montagnes. Fils d’un professeur d’art, Picasso reçut une formation artistique classique dĂšs son enfance, avant de suivre, en 1896, les cours de l’école des beaux-arts de Barcelone, puis ceux de la Llonja, oĂč son pĂšre enseignait. L’annĂ©e suivante, Ă  seize ans, il rĂ©ussit le concours d’entrĂ©e de l’AcadĂ©mie royale de San Fernando, et fut admis Ă  l’école des beaux-arts de Madrid, la plus prestigieuse d’Espagne, oĂč bien des artistes renommĂ©s avaient sĂ©journĂ©. Toutefois, le jeune homme ne poursuivit pas son enseignement Ă  San Fernando, qu’il trouvait trop contraignant, et qui ne lui permettait pas de suivre son propre tempĂ©rament. 14Aussi, retourna-t-il Ă  Barcelone, en 1898, pour travailler seul, mais il tomba malade. Il effectua sa convalescence Ă  Horta de Sant Joan, le village de son ami Manuel PallarĂšs 1876-1974, situĂ© prĂšs de la ville de Tarragone, oĂč il partagea la vie des paysans. Ce sĂ©jour de quelques mois fut, pour l’artiste, une vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation. La prĂ©sence de la montagne, la Santa Barbara, le contact quotidien avec la nature, et un mode de vie campagnard, rustique, l’enthousiasma. Des visions puissantes, capables de nourrir son imaginaire, stimulĂšrent sa crĂ©ation, pendant de longues annĂ©es. Plus tard, l’artiste se plaira Ă  rĂ©pĂ©ter 4 R. Maillard et F. Elgar, Picasso, Ă©tude de l’Ɠuvre et Ă©tude biographique, p. 3. Tout ce que je sais, je l’ai appris dans le village de » 15En avril 1899, de retour Ă  Barcelone, Picasso, frĂ©quente le cabaret Els Quatre Gats, lieu de convivialitĂ© bohĂšme, oĂč les artistes peuvent exposer leurs Ɠuvres, Ă©changer leurs points de vue sur l’art. LĂ , il retrouve Miguel Utrillo 1883-1955, Carlos Casagemas 1880-1901, Ricardo Opisso 1880-1966, Julio Gonzalez 1876-1942, se lie d’amitiĂ© avec le poĂšte Jaime SabartĂšs 1881-1968 qui deviendra son secrĂ©taire particulier et expose quelques Ɠuvres en 1900. 16Picasso, aimait le pays de sa jeunesse, la Catalogne, mais il savait que ce serait une chance de le quitter pour parfaire sa formation et Ă©tudier les grands maĂźtres de la peinture Ă  Paris, destination obligatoire pour tout peintre qui avait de l’ambition. Plusieurs sĂ©jours dans la capitale l’aidĂšrent Ă  prĂ©ciser son orientation et ses choix esthĂ©tiques. À la pĂ©riode bleue, triste et dure, succĂ©da la pĂ©riode rose, nostalgique et dĂ©liquescente, qui trouva un public de connaisseurs et d’amateurs, le succĂšs fut vite au rendez-vous. Cependant, pour faire partie des maĂźtres les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration, l’artiste devait Ă©laborer un nouveau langage et la tĂąche Ă©tait ardue. En 1905, il fut chargĂ© de faire le portrait de Gertrude Stein 1874-1946, une poĂ©tesse amĂ©ricaine qui soutenait le jeune Catalan et il lui fallait se dĂ©marquer de son principal rival, Matisse, pour satisfaire son mĂ©cĂšne. Pour se lancer dans de nouvelles expĂ©rimentations, il chercha Ă  regagner son pays afin de s’immerger dans un monde qui l’avait fortement inspirĂ©, quelques annĂ©es auparavant, celui de la montagne, et aller au-delĂ  de ce que les Ă©coles lui avaient appris. 17Picasso partageait avec Matisse, Derain, Georges Braque 1882-1963 et d’autres artistes de sa gĂ©nĂ©ration, un vif sentiment d’admiration pour CĂ©zanne et son Ɠuvre. Il voulait, comme lui, rester au contact de son pays natal, pour se fortifier et progresser. À l’instar du maĂźtre d’Aix, il Ă©prouvait ce sentiment qu’ont les MĂ©diterranĂ©ens que leur terre est celle des dieux, oĂč sont nĂ©es les grandes mythologies, et qu’elle constitue pour les crĂ©ateurs une source d’inspiration inĂ©puisable. Comme CĂ©zanne, il pensait qu’il fallait s’éloigner du monde artistique parisien pour s’imprĂ©gner d’une nature non domestiquĂ©e par l’homme, afin de rĂ©vĂ©ler la vĂ©ritĂ© de la peinture. 18Pour rĂ©nover son art, Picasso effectue alors, durant l’étĂ© 1906, un sĂ©jour en Catalogne, dans un village de montagne trĂšs retirĂ©, accessible uniquement Ă  dos de mulet, nommĂ© GĂłsol. Le massif de Pedraforca, qui ferme de façon imposante la perspective de la petite vallĂ©e, offre un spectacle grandiose, comme celui de la Sainte-Victoire, et l’artiste peut aller sur le motif pour capturer des images. La volontĂ© du peintre de produire un art diffĂ©rent est autant soutenue par la quĂȘte d’un retour Ă  la nature et aux racines, prĂŽnĂ© par CĂ©zanne, que par la recherche de nouvelles rĂ©fĂ©rences puisĂ©es dans l’art de Gauguin 1848-1903, le Greco ou encore empruntĂ©es Ă  l’art roman et ibĂ©rique local. Le travail effectuĂ© Ă  GĂłsol a un impact majeur sur l’Ɠuvre de Picasso puisqu’il dĂ©bouche sur l’achĂšvement du Portrait de Gertrude Stein, qui prĂ©sente des inventions sans prĂ©cĂ©dent, comme la rĂ©duction du visage humain Ă  son masque, marquant un jalon dans l’histoire du portrait. À la suite de ce sĂ©jour fĂ©cond, naĂźt un chef-d’Ɠuvre, Les Demoiselles d’Avignon dont l’angulositĂ© des volumes annonce le premier cubisme. 5 Fernande Olivier 1881-1966, de son vrai nom, AmĂ©lie Lang, compagne de l’artiste de 1904 Ă  1912. ... 19En 1909, grĂące Ă  la vente de toiles, l’artiste effectue un autre sĂ©jour en Espagne. Il gagne Horta de Sant Joan, oĂč il avait sĂ©journĂ© dans sa jeunesse, Ă  la suite d’une maladie, chez son ami PallarĂšs. Tout prĂšs de la montagne Santa Barbara, il rĂ©alise des Ɠuvres remarquables comme Usines Ă  Horta, le RĂ©servoir de Horta de Sant Joan, ou encore des portraits de Fernande5, au cou-montagne », qui poussent toujours plus loin les postulats cĂ©zanniens. L’artiste Ă©labore une nouvelle syntaxe, bouleversant les principes classiques de perspective et de modelĂ©, basĂ©e sur un systĂšme rythmĂ© de formes et de couleurs, dĂ©finissant le cubisme analytique. Picasso est alors reconnu comme un artiste et il veut approfondir ses recherches. Il effectue alors un troisiĂšme sĂ©jour prĂšs de la montagne, durant l’étĂ© 1910, dans un petit port du Cap de Creus, CadaquĂšs, oĂč il s’établit avec sa compagne Fernande. Il veut aller jusqu’au bout de sa dĂ©marche, ne faire aucune concession au naturalisme pour rompre dĂ©finitivement avec les rĂšgles de reprĂ©sentation illusionniste acadĂ©mique. Il exĂ©cute alors des Ɠuvres frĂŽlant l’abstraction, telles que Guitariste, ou encore Port de CadaquĂšs, qui mĂšnent Ă  un cubisme conceptualisĂ©, mental. Bien qu’entourĂ© de montagnes, de sujets marins fortement Ă©vocateurs, le rĂ©el disparaĂźt. La prĂ©sence d’AndrĂ© Derain, l’ancien collaborateur de Matisse Ă  Collioure, le conforte dans sa dĂ©marche. 6 Eva Gouel 1885-1915, nĂ©e Marcelle Humbert, chorĂ©graphe et modĂšle de Picasso de 1911 Ă  1915. 20De 1911 Ă  1914, Picasso revient Ă  la montagne, effectuant plusieurs sĂ©jours Ă  CĂ©ret, en Catalogne du nord. Au pied du Pic de FontfrĂšde, montagne marquant la frontiĂšre avec l’Espagne, l’artiste connaĂźt une pĂ©riode de grande effervescence, aux cĂŽtĂ©s des peintres cubistes Braque, Auguste Herbin 1882-1960 et Juan Gris 1887-1927. Des Ɠuvres novatrices, marquĂ©es par une composition pyramidale, rappelant la montagne, comme L’IndĂ©pendant, de plus en plus Ă©laborĂ©es, voient alors le jour. En 1912, Ă  la suite d’alĂ©as sentimentaux, il effectue, enfin, un sĂ©jour en Provence avec sa nouvelle compagne Eva6. À Sorgues, prĂšs du Mont Ventoux, il agence des formes gĂ©omĂ©triques pures, et multiplie les expĂ©rimentations techniques, dans des compositions inventives, qui aboutissent aux collages et engendrent, comme le voulait CĂ©zanne, une nouvelle rĂ©flexion sur la nature de l’art. Les sĂ©jours prĂšs de la montagne ont marquĂ© la production de Picasso de façon Ă©loquente. Les expressionnistes allemands et les Alpes de BaviĂšre, comme un volcan bouillonnant 21En Allemagne aussi, les artistes les plus avancĂ©s sont convaincus que les Ɠuvres d’aprĂšs l’antique ne tiennent plus, et que les arts doivent ĂȘtre natifs de la terre mĂȘme oĂč leur inspiration se dĂ©veloppe, car seule la terre peut les vivifier, apporter des rĂ©ponses proches de la rĂ©alitĂ© et des nouvelles considĂ©rations esthĂ©tiques, philosophiques, sociologiques, culturelles. La montagne, repĂšre majestueux d’un espace et vĂ©ritable concentrĂ© d’une nature originelle, symbolise ce postulat Ă©mergeant en Allemagne, valorisant le sentiment d’appartenance Ă  un territoire, Ă  une histoire personnelle et collective. En tant que trait fort du paysage, elle incarne l’identitĂ© d’un pays, Ă©tablie depuis des temps anciens, mais aussi la relation sentimentale de l’homme avec un lieu. Les Alpes de BaviĂšre deviennent ainsi le théùtre d’un renouveau artistique sans prĂ©cĂ©dent. 22AprĂšs la mort de CĂ©zanne, le 22 octobre 1906, les peintres installĂ©s en Allemagne commencent Ă  s’intĂ©resser aussi au rĂŽle du lieu de crĂ©ation, Ă  la façon dont on peut expĂ©rimenter les formes et les couleurs, loin de la ville. Remettant en cause la sociĂ©tĂ© industrielle, la pression nĂ©faste de la culture dominante sur l’art, ils veulent rĂ©former leur attitude, leur fonctionnement personnel. Comme le maĂźtre d’Aix, ils dĂ©cident de travailler sur le motif, dans une nature prĂ©servĂ©e, de cĂŽtoyer une population encore liĂ©e Ă  la terre, Ă©voluant parmi des formes simples, voire primitives, pour rĂ©nover le langage plastique. Outre-Rhin, la montagne, symbole de mĂ©tamorphoses de grande envergure, assimilĂ©e Ă  un volcan bouillonnant, incarnant un dĂ©sir de libertĂ© et de retour vers les forces et les lois fondamentales de la nature, joue ainsi un rĂŽle important dans le parcours de grands maĂźtres de la modernitĂ© tels que Vassily Kandinsky 1866-1944, Paul Klee 1879-1940, Alexej von Jawlensky 1864-1941 ou encore Frantisek Kupka. Ainsi, Ă  partir de 1908, des artistes quittent la ville de Munich pour passer l’étĂ© Ă  Murnau, un village pittoresque de Haute-BaviĂšre, oĂč la lumiĂšre est apprĂ©ciĂ©e pour sa subtilitĂ©, et oĂč la montagne créée un espace majestueux. Le lieu, exaltant, inspire Ă  plusieurs peintres, dont Kandinsky, Jawlensky, Gabriele MĂŒnter 1877-1962 et Marianne von Werefkin 1860-1938, une palette expressive, qui donne vie Ă  de flamboyants paysages. L’image de la montagne, et sa silhouette imposante, est omniprĂ©sente dans les Ɠuvres créées Ă  Murnau, et la palette des fauves, qui ont travaillĂ© Ă  Collioure, est reprise avec un sens chromatique Ă©blouissant. De ce contexte particulier naĂźt, en 1911, un mouvement de rĂ©novation tournĂ© vers l’expressionnisme, dirigĂ© par Kandinsky, consolidĂ© par August Macke 1887-1914 et Franz Marc 1880-1916, le Blaue Reiter » le cavalier bleu, qui 7 A. Vezin, L. Vezin, Kandinsky et le Cavalier bleu, p. 223. Vise Ă  montrer, par la diversitĂ© des formes reprĂ©sentĂ©es, comment le dĂ©sir intĂ©rieur des artistes peut prendre des formes » 23En effet, Vassily Kandinsky 1866-1944 cherche Ă  rĂ©nover l’art pour en faire une arme contre la sociĂ©tĂ© industrielle, capitaliste, jugĂ©e dĂ©cadente. En 1908, il s’éloigne de Munich, et d’une culture convenue, pour effectuer des sĂ©jours Ă  Murnau, avec sa compagne Gabriele MĂŒnter. Il s’immerge dans une nature de haute montagne, baignĂ©e de lumiĂšre, renouant avec un monde simple, et son Ɠuvre commence Ă  se transformer. Une peinture de 1909 intitulĂ©e La Montagne bleue rĂ©sume les recherches de cette pĂ©riode et annonce le tournant pris par l’artiste vers un art plus libre. Le large emploi de la couleur, dans un style expressionniste, et la simplification des formes aboutissent Ă  un traitement non-figuratif du sujet. Ce que Kandinsky appelle le chƓur des couleurs », est un vocabulaire colorĂ©, issu de la peinture cubiste et fauve, qui peut se charger d’un fort pouvoir Ă©motionnel et d’une dimension cosmique dynamique. 24L’annĂ©e suivante, Kandinsky peint sa premiĂšre Ɠuvre abstraite intitulĂ©e, Sans titre, une crĂ©ation spirituelle qui ne procĂšde que de la seule nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure de l’artiste, dans le sillage des Improvisations. En 1911, il Ă©crit un traitĂ© d’esthĂ©tique, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, oĂč il invite le crĂ©ateur Ă  substituer, Ă  l’apparence visible, la rĂ©alitĂ© pathĂ©tique et invisible de la vie. Il veut ainsi redĂ©finir l’objectif de l’Ɠuvre d’art 8 V. Kandinski, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, p. 21. Une Ɠuvre d’art n’est pas belle, plaisante, agrĂ©able. Elle n’est pas lĂ  en raison de son apparence ou de sa forme qui rĂ©jouit nos sens. La valeur n’est pas esthĂ©tique. Une Ɠuvre est bonne lorsqu’elle est apte Ă  provoquer des vibrations de l’ñme, puisque l’art est le langage de l’ñme et que c’est le seul. [
] L’art peut atteindre son plus haut niveau s’il se dĂ©gage de sa situation de subordination vis-Ă -vis de la nature, s’il peut devenir absolue crĂ©ation et non plus imitation des formes du modĂšle » 25Jusqu’à la guerre, Kandinsky continue d’inventer des formes conduisant Ă  un langage abstrait qu’il veut rĂ©volutionnaire, pour exprimer l’intĂ©rioritĂ© spirituelle abstraite, en perpĂ©tuelle Ă©volution. Dans sa production des annĂ©es vingt, il combine les formes gĂ©omĂ©triques et les couleurs pour rĂ©vĂ©ler un monde mystĂ©rieux, issu de la musique, ou du cosmos, parfois rĂ©sumĂ© Ă  une Ă©pure. Des tableaux comme Schwarzer Raster 1922, ou Einige Kreise 1926, oĂč son trait s’est solidifiĂ©, montrent un lyrisme cĂ©rĂ©bral. Dans Steroscopic exhibition, les deux triangles aigus bleutĂ©s, dynamisant la composition, sont, pour cet artiste cultivĂ©, une sorte de private joke ». 26À partir de 1910, Paul Klee 1879-1940 se rapproche des peintres de la montagne » qui posent de nouvelles problĂ©matiques, liĂ©es Ă  la nature et Ă  l’objectif de l’art. Comme eux, il est convaincu que la notion d’idĂ©al et de beautĂ© est tout Ă  fait dĂ©suĂšte, dĂ©passĂ©e. Certes, l’artiste, dont l’Ɠuvre est intuitive, a une personnalitĂ© bien affirmĂ©e. RefusĂ© Ă  l’AcadĂ©mie des beaux-arts de Munich en 1898, il est dirigĂ© vers l’atelier d’Heinrich Knirr oĂč il Ă©tudie le dessin figuratif. En 1900, il est finalement admis aux Beaux-Arts, dans la mĂȘme classe que Kandinsky, mais Ă  l’instar du jeune artiste russe, il a dĂ©jĂ  dĂ©fini son objectif artistique et il entend peindre selon sa propre conception du monde. Il se rend Ă  Paris en 1912 et dĂ©couvre chez les marchands l’art des cubes ». Il s’intĂ©resse aux Ɠuvres de Robert Delaunay 1885-1941, Braque, Picasso, et Derain, dĂ©positaires de l’hĂ©ritage artistique de Paul CĂ©zanne, qui fait l’objet de nombreuses Ă©tudes. Les inventions des pionniers du cubisme et des collages, Picasso et Braque, ont alors atteint tous les cercles d’art et suscitĂ© un vif enthousiasme. Le traitĂ© rĂ©digĂ© par Jean Metzinger 1883-1956 et Albert Gleizes 1881-1953 en 1912, Du cubisme, a permis de diffuser Ă  l’étranger les principes d’une esthĂ©tique qui fait scandale, car elle incite les artistes Ă  refuser toute convention de reprĂ©sentation. L’annĂ©e suivante, Paul Klee traduit un texte de Robert Delaunay qui l’intĂ©resse particuliĂšrement, De la lumiĂšre, et a recours, pour rĂ©nover son art, aux principes esthĂ©tiques orphistes » dĂ©veloppĂ©s par les Delaunay, Sonia et Robert, qu’il invite en Allemagne, pour y exposer leurs Ɠuvres. 27En 1914, Klee rejoint le Blaue Reiter », et fonde avec Jawlensky, Kandinsky, MĂŒnter et Alexander Kanoldt 1881-1939, un mouvement artistique rĂ©novateur, La Nouvelle SĂ©cession » de Munich. Puis il entreprend un voyage en Tunisie avec ses amis Macke et Louis Moilliet 1880-1962. En avril, avant d’embarquer Ă  Marseille, i1 sĂ©journe Ă  L’Estaque, dans l’intention de photographier le viaduc peint par CĂ©zanne et Braque, qu’il admire. Lorsque la guerre Ă©clate, les artistes doivent trouver refuge dans les pays neutres pour continuer de peindre ou s’engager. Jawlensky et Kandinsky, de nationalitĂ© russe, doivent s’exiler. August Macke est tuĂ© sur le front de Champagne, le 26 septembre 1914, tout comme Franz Marc, l’ami de toujours, le sera deux ans plus tard Ă  Verdun. MobilisĂ©, Klee obtient, grĂące Ă  son pĂšre, d’ĂȘtre affectĂ© dans un rĂ©giment de rĂ©serve Ă  Munich oĂč il peut encore exercer son art. En cette pĂ©riode, Ă©prouvĂ© par les Ă©vĂ©nements, ses sensations sont intenses et prĂšs des montagnes, notamment la Zugspitze, dans le massif du Wetterstein, la production de l’artiste se transforme, marquant un rĂ©el tournant stylistique. En 1917, il expose Ă  la galerie Der Sturm de Berlin, et son travail remporte un grand succĂšs. On note que Klee a intĂ©grĂ© l’idĂ©e de rĂ©volution dans son art, ayant pris conscience que l’art moderne est un dĂ©fi jetĂ© Ă  la culture bourgeoise, avec, pour emblĂšme, le triangle, une forme gĂ©omĂ©trique universelle, qui figure dans une aquarelle devenue cĂ©lĂšbre, Le Niesen, datĂ©e de 1915. 28Dans cette Ɠuvre, l’imposante masse pyramidale du Niesen, culminant Ă  2 563 mĂštres, est reprĂ©sentĂ©e selon les prĂ©ceptes du maĂźtre d’Aix, dans un style qui oscille entre le fauvisme et le cubisme triomphant. La montagne est traitĂ©e avec un lavis bleu azur, lui confĂ©rant une lĂ©gĂšretĂ© mĂ©taphysique, rĂ©sonnant avec les aplats bigarrĂ©s, lumineux des arbres, de forme orthogonale. 9 P. Klee, ThĂ©orie de l’art moderne, p. 11. 29Paul Klee, qui avait dit je suis Dieu9 », a rempli le ciel d’étoiles scintillantes, cĂŽtoyant la lune et le soleil, pour crĂ©er une ambiance onirique. L’hĂ©ritage cubiste est bien prĂ©sent dans cette belle composition qui est un prĂ©lude aux chefs-d’Ɠuvre qui toucheront le public par leur sincĂ©ritĂ© expressive, comme Senecio, de 1922, ou ChĂąteau et soleil, de 1928. 10 P. BrullĂ©, Catalogue de l’exposition Frantisek Kupka, 2016. 30De son cĂŽtĂ©, le peintre tchĂšque Frantisek Kupka 1871-1957 tisse aussi un lien particulier avec la montagne. Dans une Ɠuvre emblĂ©matique, MĂ©ditation, 1897 il s’est reprĂ©sentĂ© nu, agenouillĂ© devant un imposant paysage de montagne. L’artiste se pose des questions cruciales pour l’évolution de son art, quant Ă  la rĂ©alitĂ© des choses et leur reprĂ©sentation. La montagne lui rĂ©vĂšle l’articulation entre physique et mĂ©taphysique, entre phĂ©nomĂšne et noumĂšne, l’interroge sur le sens de la vie. Kupka s’installe Ă  Paris en 1896 et devient l’auteur d’une crĂ©ation picturale trĂšs originale. Il est le premier Ă  affronter le public avec des Ɠuvres non figuratives lors du salon d’automne de 1912. Il crĂ©e une autre rĂ©alitĂ©, rejetant toute rĂ©fĂ©rence au monde sensible10. 31La rĂ©novation voulue par le maĂźtre d’Aix permet aussi de donner un statut moderne Ă  l’art des cubo-futuristes russes, thĂ©orisĂ©, en 1912, par le peintre du suprĂ©matisme, Kasimir Malevitch 1879-1935, qui conçoit le CarrĂ© blanc sur fond blanc, jugĂ© scandaleux, en 1918, puis, Ă  celui des constructivistes rĂ©volutionnaires, tout debout contre l’ordre ancien » 11 Marcade, Catalogue de l’exposition Le futurisme, 2008-2009, p. 59. Malevitch avait bien vu que le principe dynamique Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent, Ă  l’état d’embryon, chez Paul CĂ©zanne et, Ă  sa suite, dans les toiles cĂ©zannistes gĂ©omĂ©triques de Georges Braque ou de Pablo » 32Dans son manifeste Une gifle au goĂ»t du public, David Burliouk 1882-1967 avait rĂ©affirmĂ© que Paul CĂ©zanne, le gardien de la Sainte-Victoire, Ă©tait le pĂšre de toute l’avant-garde picturale, un mouvement de contestation international qui mena, aprĂšs la Grande Guerre, Ă  l’anti-art. Dada, fruit de la rĂ©bellion systĂ©matique contre toute esthĂ©tique Ă©tablie, vit, lui aussi le jour prĂšs de pics majestueux, Ă  Zurich, la capitale de la Suisse alĂ©manique. L’art de l’absurde, d’Hugo Ball 1886-1927, Tristan Tzara 1896-1963, Richard Huelsenbeck 1892-1974 et Francis Picabia 1879-1953, dĂ©boucha sur le surrĂ©alisme, qui Ă©voluera sur les hautes terres de l’inconscient et de la folie, avant d’ĂȘtre stoppĂ© net par le chaos de la Seconde Guerre mondiale. La montagne et l’art moderne 33La montagne, repĂšre-tĂ©moin de parcours crĂ©atifs exemplaires, peut ĂȘtre vue comme le fil reliant les Ɠuvres d’artistes modernes, d’origine et de cultures variĂ©es, Ă  celles de Paul CĂ©zanne. Ceux-ci ont cherchĂ© Ă  porter un nouveau regard sur la nature, l’opposant de façon aiguĂ« au nouveau monde industriel, asservissant et dĂ©gradant l’homme. La montagne, vĂ©ritable concentrĂ© de nature, monde prĂ©servĂ© et intact, leur a fourni un refuge pour s’interroger, en se donnant pour mission, Ă  l’instar du maĂźtre d’Aix, d’investir le paysage, afin que celui-ci cesse d’ĂȘtre un document gĂ©ographique, ou scientifique, pour devenir un exercice purement plastique et psychologique. Ce dernier considĂ©rait l’Ɠuvre comme un tĂ©moignage particulier, d’un moment d’introspection et de rĂ©flexion du peintre face Ă  la nature. L’homme, tout entier, devait se transformer pour apporter au tableau sa vraie substance, par un regard plus perçant et plus conscient, tant sur le monde, que sur lui-mĂȘme. Pour CĂ©zanne, la Sainte-Victoire Ă©tait l’un des moyens d’y parvenir. Cette derniĂšre devint l’emblĂšme de la volontĂ© de l’artiste, debout contre l’ordre Ă©tabli, de rĂ©nover l’art en profondeur. La montagne peut ainsi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le symbole de la rĂ©volte contre les diktats des acadĂ©mies qui a rassemblĂ© les plasticiens voulant puiser tant dans une idĂ©ologie vivante que dans un environnement Ă  forte identitĂ©. 34Picasso et Matisse ont aussi cherchĂ© dans la nature des rĂ©ponses Ă  des questions cruciales. Matisse, bien qu’installĂ© prĂšs de la mer, Ă  Collioure, s’est imprĂ©gnĂ© de la dimension mystique et sauvage des AlbĂšres, enserrant le port, pour Ă©laborer son langage fauve. De mĂȘme, la montagne, vĂ©ritable laboratoire de recherche Ă  ciel ouvert, a incarnĂ© pour Picasso autant une volontĂ© crĂ©ative sans borne, qu’une farouche opposition aux rĂšgles des Beaux-Arts. L’immersion de Picasso dans le milieu montagnard, de 1906 Ă  1914, de Gosol Ă  CĂ©ret, le propulsa sur le devant de la scĂšne. Les sĂ©jours prĂšs de la montagne ont marquĂ©, de façon Ă©loquente, l’évolution du style des deux artistes, rendant hommage, par une dĂ©marche forte, au bon dieu de tous les peintres ». En effet, plusieurs Ɠuvres significatives de la modernitĂ© attestent que la montagne, entitĂ© puissante, Ă  la fois physique et mĂ©taphysique, propice Ă  une rĂ©flexion sur le sens et la nature du rĂ©el et de l’art, a constituĂ© le lieu privilĂ©giĂ© de la rĂ©sistance aux anciens prĂ©ceptes, et nourri une expression plus dynamique. Les artistes allemands et ceux d’Europe du Nord, trouvĂšrent aussi dans le milieu montagnard les conditions propices Ă  la formulation d’un art qui ne s’attache plus Ă  la rĂ©alitĂ© physique mais aux Ă©tats d’ñme du crĂ©ateur. 35Selon Kirchner, les peintres ne devaient plus s’imposer de rĂšgles et l’inspiration devait couler librement afin de donner une expression immĂ©diate Ă  leurs pressions psychologiques. La production de Kandinsky, rĂ©alisĂ©e Ă  Murnau dĂšs 1909, affirmait un art dĂ©nuĂ© de sa fonction de reproduction du rĂ©el pour renforcer sa composante subjective jusqu’à formuler une abstraction lyrique, issue d’un profond dĂ©sir spirituel qu’il appelait la nĂ©cessitĂ© intĂ©rieure », et qu’il tenait pour un principe essentiel de l’art. Paul Klee, prĂšs des monts Zugspitze dans les Alpes, aprĂšs des mois d’une longue maturation et d’une intense rĂ©flexion thĂ©orique au contact de la montagne, fondĂ©e sur son expĂ©rience et sur une dĂ©marche esthĂ©tique proche de celle des Delaunay, Ă©mit lui aussi de nouveaux principes sur la forme et la couleur, et exposa la premiĂšre thĂ©orie systĂ©matique des moyens picturaux purs, qui conduisit Ă  une clarification exceptionnelle des possibilitĂ©s contenues dans les procĂ©dĂ©s abstraits. De tels procĂ©dĂ©s seront Ă©galement explorĂ©s par les cubo-futuristes russes et par le maĂźtre du suprĂ©matisme, MalĂ©vitch, enfin, par Kupka, dont la rĂ©flexion se calquait sur l’image de la montagne, comme le montre l’Ɠuvre MĂ©ditation. 36Ainsi, tout comme on ne peut pas regarder la production de CĂ©zanne sans penser Ă  sa relation avec la Provence et la Sainte-Victoire, on ne peut ignorer le rĂŽle jouĂ© par la montagne, selon un principe de filiation spirituel inĂ©dit, dans l’évolution du sentiment esthĂ©tique de plusieurs figures majeures de l’art du xxe siĂšcle, qui mena Ă  l’élaboration de nouvelles thĂ©ories, et ouvrit la voie aux avant-gardes les plus audacieuses.

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pouvaitpas imposer ses vertus et son mode de vie. C’est l’époque d’une naissance de l’hostilitĂ© trĂšs forte des artistes et des Ă©crivains Ă  la nouvelle sociĂ©tĂ©. Un certain nombre de caractĂ©ristiques de la sociĂ©tĂ© bourgeoise « gĂ©nĂšrent l’exaspĂ©ration et la plainte de ses contemporains ». Un des premiers soins du gouvernement est le « remaniement complet Depuis toujours l'artiste dispose d'un statut particulier. Pas de privilĂšge mais une existence sociale lui confĂ©rant une place Ă  part...L'Art est le fruit d'une inspiration et d'un savoir-faire, produit d'une source impalpable, immatĂ©rielle et qui se veut indĂ©pendante. Cette individualitĂ© tire son existence d'une prĂ©disposition crĂ©atrice naturelle Ă©chappant Ă  tout contrĂŽle institutionnel. L'artiste est un individu qui, par dĂ©finition, peut se passer de la sociĂ©tĂ© pour maĂźtriser son sujet. Il impose aux yeux du public sa force crĂ©atrice et l'image qu'il veut transmettre et mĂȘme si son oeuvre trouve son inspiration dans l'environnement dans lequel elle est pensĂ©e et conçue, elle n'en demeure pas moins le fruit d'un concept individuel, voire Ă©goĂŻste lorsqu'elle provoque. Cette volontĂ© farouche qu'ont les artistes Ă  ne vouloir exister que par eux-mĂȘmes est en opposition avec ce que la sociĂ©tĂ© tente d'imposer aux dĂ©pendance au systĂšme facilite la gestion des imposant un rythme et un cap Ă  tous les individus, les pouvoirs politiques prennent en main les destinĂ©es, s'arrogeant ainsi les prĂ©rogatives qui servent surtout leurs intĂ©rĂȘts. Le peuple n'est prĂ©tendument important qu'en pĂ©riode Ă©lectorale. Les promesses ne sont jamais de l'aspect matĂ©riel qui, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, n'est pas sa prioritĂ©, l'artiste se trouve totalement dĂ©tachĂ© physiquement et parfois mĂȘme psychologiquement de la force crĂ©atrice devient un moteur, Ă©chappant Ă  tous contrĂŽles institutionnels et la popularitĂ© en est l'apothĂ©ose. Ce besoin vital de libertĂ© est profondĂ©ment inscrit dans les gĂšnes de l'artiste pour ce dernier, seule l'oeuvre a de l'importance. Nous connaissons les destins particuliers et souvent violents de nombreux crĂ©ateurs passĂ©s Ă  la postĂ©ritĂ©. A cet Ă©gard,jamais la sociĂ©tĂ© ne les a Ă©pargnĂ©s de leur vivant, les portant aux nues quelques annĂ©es aprĂšs leur mort. Ces destins souvent cruels mettent en exergue l'ambiguĂŻtĂ© de l'existence intermittents du spectacle sont probablement le reflet de notre Ă©poque et de ce qui se fait de pire en matiĂšre de dĂ©pendance castratrice. Victimes du nombre... manque d'autonomie existentielle... recherche d'une sĂ©curitĂ© matĂ©rielle en contradiction avec la vĂ©ritable Ăąme artistique... Non, certainement pas. De tous temps, l'art a fait des victimes. La sociĂ©tĂ© est impitoyable envers ceux qui ne rentrent pas dans le rang. L'artiste a l'obligation de rĂ©ussir par lui-mĂȘme si il veut survivre en prĂ©servant la puretĂ© de sa force magnifique "mission" que de provoquer l'Ă©motion. La sociĂ©tĂ© ne peut se passer des artistes ; ces gens bizarres qui font pousser des fleurs sur le bĂ©ton et habillent de couleurs vives la tristesse de notre quotidien. © TOUS DROITS RÉSERVÉS . 546 458 50 224 340 494 709 312

mode de vie des artistes en marge de la société